Le mouvement Body Positive dans l’industrie de la mode : réelle évolution ou simple tendance ?
Le Body Positive, littéralement la « positivité corporelle » en français, est le nom donné à un mouvement culturel. Il vise l’acceptation de soi et valorise tous les types de corps, quelles que soient leurs caractéristiques (taille, forme, couleur de peau, handicap, etc.). Le Body Positive transmet le message principal que le corps n’est que notre enveloppe et ne définit pas qui nous sommes à l’intérieur. Il s’oppose aux critères de beauté et aux fantasmes de corps parfaits, mais irréalistes. Ce mouvement prône par-dessus tout l’inclusivité et l’égalité, pour une meilleure santé mentale de chacun. Quelles influences ce courant a-t-il dans le secteur de la mode ? Quels sont les critiques et les défis auxquels le Body Positive doit faire face ? Comment les consommateurs vivent-ils ce bouleversement ? Découvrez ce que cache ce mouvement.
L’arrivée du Body Positive dans la mode
En 1996, deux Américaines créent une association, baptisée « The Body Positive ». Elles souhaitent diffuser l’acceptation de soi et de son corps, quel qu’il soit. Elles organisent alors des ateliers et des formations, l’occasion pour de nombreuses personnes d’échanger sur le sujet.
Le développement d’Instagram a permis au mouvement de devenir viral, s’opposant clairement aux autres courants tels que le « summer body ». On découvre ainsi qu’un corps peut être différent selon la pose ou les vêtements portés. Les filtres de beauté perdent en popularité, et les influenceurs (dont des mannequins) qui montrent leur vrai corps deviennent les nouvelles stars du réseau. Exemple le plus parlant, Ashley Graham, mannequin plus size, élue femme la plus sexy du monde cette année malgré sa taille 46. Ou encore Celeste Barber, qui tourne en dérision les photos de physiques surréalistes.
C’est donc par la grande porte que ce mouvement est entré dans l’industrie de la mode. De nombreuses campagnes de publicité pour des marques de lingerie ont enclenché le Body Positive. L’affichage de corps avec des formes, des tatouages, des poils et aussi de toutes générations est devenu courant. Des créateurs comme Tommy Hilfiger, Rihanna avec sa marque Fenty, ou Thierry Mugler s’emparent du phénomène. Les défilés changent de visage, laissant une chance à chacun de s’identifier à travers la marque. Dans certains magasins, les mannequins des vitrines changent d’aspect, offrant une palette plus large de corps réalistes.
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Les défis du Body Positive
Malgré les bonnes intentions de ce mouvement, le Body Positive trouve sur son parcours bon nombre de détracteurs et de rejets de son concept. Le culte du corps persiste, installé depuis des décennies dans notre société. Les haters du mouvement l’accablent de banaliser l’obésité, malgré les risques pour la santé. Un amalgame que beaucoup de consommateurs de réseaux sociaux font encore.
Les marques prennent difficilement position, leur choix reste forcément remis en cause. Si elles adhèrent au Body Positive, elles sont attaquées d’être opportunistes dans un but purement commercial. Elles craignent alors de perdre une partie de leurs clients. Si au contraire elles conservent leurs façons de faire, les marques font face aux critiques et sont accusées de rester superficielles.
Le phénomène Body Positive continue, dans tous les cas, de rationaliser la notion de corps tous différents. Il permet de sensibiliser de nombreuses personnes, évitant ainsi sans doute beaucoup de cas de troubles alimentaires ou de dépression. Les marques doivent toutefois s’approprier le concept en développant leurs produits en conséquence (plus de tailles disponibles ou plus de vêtements non genrés par exemple).
L’impact du mouvement sur les consommateurs
Même si l’offre de prêt à porter dans les grandes tailles a peu évolué malgré ce mouvement, le cheminement psychologique des consommateurs avance. Les discriminations feront sans doute toujours partie de notre quotidien, mais le Body Positive permet de déconstruire les modèles et les normes de beauté. Les cartes sont redistribuées, la perfection n’est plus la bienvenue. La beauté devient inclusive, réaliste et plurielle.
La santé mentale des individus se décharge de cet aspect. L’idée est de faire fi de cette exigence du corps parfait que l’on s’inflige chaque jour, en oubliant de vivre sa vie.
Petit à petit, on accepte nos complexes et on développe une image de nous-mêmes positive. Certaines personnes en ont besoin pour réaliser leurs projets et aller de l’avant. Le sentiment d’appartenance grandit, on ne se sent plus en marge si l’on ne rentre pas dans les cases.