Les impacts de la fast-fashion
La mode a toujours fait figure de moyen d’expression et de démonstration de son rang social. C’est au moyen-âge que les phénomènes de mode sont apparus. On s’habille alors en suivant une tendance, et plus seulement pour se protéger du froid. Au XXᵉ siècle, les modes de production s’intensifient dans tous les domaines. Les saisons dictent le renouvellement des collections, les prix baissent avec la mondialisation, c’est la naissance de la fast fashion. À l’image d’autres industries inondant la société de consommation, celle du textile devient l’une des plus polluantes au monde. Aujourd’hui et plus que jamais, les consommateurs et les créateurs se mobilisent pour contrer ce phénomène. Mais alors, quelles sont les problématiques induits par la fast-fashion ? Quelles initiatives voient le jour pour freiner l’expansion de ce marché ? Pourquoi l’enseigne Shein fait polémique ? Gros plan sur ce côté obscur de l’industrie du vêtement.
La problématique environnementale
Si un Français achète environ 9 kg de vêtements chaque année, les habitants du Royaume-Uni sont les champions du déchet textile. Ils en produisent en moyenne 70 kilos par an. Les habits de piètre qualité se détériorent très rapidement. Vous l’avez sans doute vécu, l’apparition de bouloches ou les coutures qui « bougent », ces pièces sont généralement jetées après seulement quelques utilisations. Parfois, le textile n’est pas vraiment en mauvais état, mais les consommateurs font souvent de la place pour leurs nouvelles acquisitions. Cette quantité astronomique de déchets pose des défis importants sur leur gestion et leur recyclage.
Le phénomène fast-fashion épuise les ressources naturelles. Pour cultiver le coton, les agriculteurs ont recours à un volume impressionnant de pesticides et d’eau. Les fibres synthétiques, quant à elles, dépendent aussi du pétrole.
Durant tout le processus de production, la pollution déversée dans l’eau et dans l’air est considérable. Les produits chimiques tels que les colorants ou les substances de finition terminent dans les cours d’eau. Dans l’air, on retrouve les molécules des produits de teinture et de traitement des tissus. Le transport, c’est le coup de grâce. Les milliers de conteneurs chargés de livrer les vêtements sont une source importante de pollution. Les conséquences impactent la faune, la flore, mais aussi les populations.
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La problématique sociale
La fast-fashion induit des conséquences sociales graves. En tirant les coûts sans cesse vers le bas, ce mode de production favorise l’exploitation. Les travailleurs se retrouvent alors à faire un nombre d’heures qui dépasse l’entendement (parfois 75 heures par semaine). Malgré un marché qui pèse plus de 90 milliards de dollars (en 2021), les salariés des usines ne perçoivent qu’une rémunération dérisoire.
Les conditions de travail sont extrêmement précaires, les normes en termes de sécurité et de santé restent la plupart du temps ignorées. Dans ces pays en voie de développement, les employés sont exposés malgré eux à des produits toxiques sans équipement spécifique. Pire encore, le travail des enfants est une réalité dans certaines régions du monde.
Il y a 10 ans, le monde entier assiste à un drame sans précédent, l’effondrement du Rana Plaza. Cette usine de 8 étages, totalement dédiée à la production de vêtements du marché de la fast-fashion, située au Bangladesh, a perdu ce jour-là 1138 de ces ouvriers. Dans ce pays, le salaire stagne aux alentours de 85 €.
Les initiatives contre la fast-fashion
Face à ce phénomène destructeur, le mouvement du slow-fashion prône tout l’inverse. Les consommateurs engagés privilégient désormais des vêtements durables, qualitatifs et éthiques. L’achat est réfléchi et non plus compulsif. On se pose alors des questions sur notre réel besoin et on vérifie la provenance de la pièce sur l’étiquette. Grâce à la Loi AGEC contre le gaspillage, les marques vont devoir faire preuve de transparence sur le cycle de vie du vêtement (de la production jusqu’à ce qu’il devienne un déchet).
De nombreuses marques qui ont vu le jour ces dernières années mettent en avant ce mode de consommation. Elles privilégient les matières naturelles, à faible impact environnemental. Les tissus et les pièces sont produites par des ouvriers qui disposent de conditions de travail respectant la législation. Parmi les marques françaises qui contrent la fast-fashion, on peut citer Sézane, Balzac Paris, ou encore Veja pour les baskets.
La polémique Shein
D’après Yann Rivoallan, Président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, Shein a littéralement bouleversé le marché. Il souhaite que le gouvernement français mette en place un bouclier réglementaire pour réguler l’industrie de la mode.
L’ensemble de la collection est produite en Chine, elle cible les jeunes femmes de 15 à 25 ans, avec des pièces dans l’air du temps. Ne cherchez pas les boutiques, il n’y en a pas, tout se passe en ligne. Impressionnant, Shein ajoute entre 2 000 et 5 000 nouvelles références par jour ! On consomme leurs vêtements comme on consomme des vidéos TikTok, à la chaîne. Les produits ne restent en ligne que quelques jours. L’idée est de stimuler sans cesse les acheteurs, qui deviennent accros à ce flux de nouveautés, au détriment des droits humains et du climat.